Vous souffrez de douleurs dorsales, d'inflammations oculaires ou passez des nuits agitées ? Si vous êtes en pleine fleur de l'âge, ces signes révèlent une possible présence de spondylarthrite ankylosante. Une maladie inflammatoire, qui n'a rien à voir avec l'arthrose, la sciatique ou les rhumatismes dégénératifs plus communs… Bien qu'elle ne mette pas la vie en jeu, cette maladie peut devenir invalidante si l'on passe à côté de son diagnostic.
Qu'est-ce que la Spondylarthrite ankylosante ?
Une maladie auto-immune
La spondylarthrite ankylosante (SA) est une maladie inflammatoire chronique principalement caractérisée par une inflammation des articulations de la colonne vertébrale et des articulations sacro-iliaques. Celle que l'on appelle aussi maladie de Bechterew peut entraîner une fusion progressive des vertèbres, réduisant la flexibilité de la colonne vertébrale et pouvant conduire à une posture voûtée.
D'autres spondylarthrites axiales peuvent toucher les membres et d'autres organes comme l'œil, le cœur, les intestins, etc.
Les zones affectées
La spondylarthrite évolue par poussées pendant lesquelles les douleurs peuvent s’étendre à d’autres articulations :
- Les vertèbres du dos et du cou
- Les articulations du thorax (qui relient les côtes au sternum)
- Les articulations des bras et des jambes (observées chez 60 % des personnes atteintes de spondylarthrite et symptôme révélateur de la maladie dans 20 % des cas). La hanche est l’articulation la plus souvent touchée, mais toutes peuvent être atteintes : épaules, genoux, chevilles, articulations des doigts et des orteils
- Les ligaments et tendons au niveau de leur attache sur les os (notamment le tendon d’Achille).
Quels sont les premiers signes de la spondylarthrite ankylosante ?
Dans 80 % des cas, la spondylarthrite commence entre la fin de l'adolescence et l'âge de 30 ans par une rachialgie inflammatoire :
- Des douleurs dans le bas du dos ou les fesses qui irradient vers l’arrière des cuisses. Semblables aux sciatiques, ces douleurs s’intensifient en milieu de nuit, au réveil et dans les premières heures d’activité et ne se calment pas au repos, contrairement aux douleurs liées à l’arthrose.
- Des douleurs des articulations des bras et des jambes, également observées dans 60 % des cas.
Les autres symptômes
Parfois, les symptômes de la spondylarthrite sortent des douleurs articulaires et s'accompagnent d'autres pathologies auto-immunes :
- Une inflammation de l'œil (uvéite) pour 10 à 30 % des cas,
- Du psoriasis, pour 15 % des cas.
- Des maladies chroniques inflammatoires de l’intestin comme la maladie de Crohn ou la rectocolite hémorragique.
- Des troubles cardiaques lors d’excès de cholestérol ou d’hypertension artérielle.
- Une insuffisance respiratoire lorsque la spondylarthrite touche les articulations de la cage thoracique.
- Une amylose, un dépôt de protéines dans les reins, avec parfois une inflammation de l’urètre ou du col de l’utérus.
Ces affections génèrent souvent de la fatigue, une perte d’appétit, une perte de poids, de la fièvre, des sueurs nocturnes, etc.
Est-ce que la Spondylarthrite est une maladie grave ?
Bien qu'elle n'impacte pas l'espérance de vie, la maladie peut évoluer jusqu'à devenir handicapante si elle n'est pas prise en charge rapidement.
Évolution et complications
En l’absence de traitement efficace, la spondylarthrite peut entraîner des complications invalidantes.
- Une ankylose : la spondylarthrite peut finir par fusionner les os du bassin avec le sacrum ou des vertèbres et bloquer les articulations du bas du dos jusqu'à les souder en un seul bloc. Cela génère un enraidissement, un tassement et un enroulement du haut de la colonne vertébrale vers l’avant. Après fusion, les articulations sont moins douloureuses.
- De rares formes invalidantes comme l’ankylose du thorax qui entraîne des troubles respiratoires, la coxite bilatérale (une atteinte importante des deux hanches) qui gêne la marche, la cyphose, une courbure anormale de la colonne vertébrale où le coût est projeté en avant.
- Des fractures des vertèbres cérébrales au moindre traumatisme
- Le syndrome dit « de la queue de cheval » : la compression des nerfs qui terminent la moelle épinière entraîne des troubles sensitifs (douleur ou perte de sensibilité dans la partie basse du corps), des troubles moteurs (perte de mobilité des jambes ou des orteils), de la constipation, des difficultés à uriner (ou des envies impérieuses d’uriner), etc.
Comment savoir si je souffre de Spondylarthrite ? Causes et diagnostic
Les symptômes de la spondylarthrite sont souvent confondus avec ceux d'une sciatique, d'une hernie discale ou d'autres rhumatismes inflammatoires.
Les causes
S'il n'existe pas de causes reconnues, plusieurs facteurs déclencheurs de spondylarthrite sont souvent associés.
La présence du gène HLA B27 : si seuls 10 % des cas de spondylarthrite sont héréditaires, 90 % des malades possèdent le gène HLA B27, présent que chez 8 à 10 % de la population générale.
Plusieurs types d'infections ont été répertoriés chez les personnes souffrant de Spondylarthrite. En cause un dérèglement du système immunitaire, potentiellement issu des bactéries contenues dans le gène HLA B27. Parmi elles :
- L'arthrite réactionnelle
- Infection urinaire ou intestinale
Diagnostic
Afin de confirmer tout soupçon de spondylarthrite et pour éliminer les hypothèses de sciatique, hernie discale, arthrose et autres maladies du dos, le médecin commence par interroger le patient sur la location, la fréquence des douleurs, les répercussions sur les activités du quotidien, puis procède à plusieurs examens comme :
- L’IRM ou le scanner pour préciser le degré d’atteinte des différentes articulations. La mobilité au niveau lombaire, thoracique et cervical
- Un bilan sanguin, pour détecter les signes inflammatoires et la présence du gène HLA B27
- Des radiographies de la colonne vertébrale et des hanches,
- Des échographies des enthèses (les attaches des ligaments et des tendons sur les os).
Est-ce que la Spondylarthrite se soigne ?
De par sa lente évolution, la spondylarthrite demande une prise en charge continue et variée, même hors période de crise, pour calmer la douleur, lutter contre la raideur et maintenir la mobilité.
Les traitements médicaux
- Les médicaments : d'abord les anti-inflammatoires non stéroïdiens, puis des traitements de fond comme le méthotrexate, la sulfasalazine pour soulager les douleurs et les biothérapies (médicaments ciblant des molécules spécifiques du système immunitaire, telles que les inhibiteurs du TNF-alpha).
- Une synoviorthèse isotopique, c’est-à-dire l’injection intra-articulaire d’une substance radioactive à durée d’action prolongée par le rhumatologue en cas d’inflammation aiguë et durable.
- La chirurgie, en dernier recours et lors de formes sévères de la maladie, permet au chirurgien de fixer plusieurs vertèbres entre elles ou de poser des prothèses totales de hanche.
Les exercices et la rééducation
En complément des médicaments, ses exercices de rééducation vont renforcer les muscles, préserver la mobilité et combattre les déformations. Au besoin, une kinésithérapie respiratoire peut être prescrite pour prévenir une ankylose thoracique.
Des accessoires orthopédiques, comme une semelle pour rehausser le talon, des coussins ergonomiques à mémoire de forme et une ceinture lombaire ou un corset, protègeront les articulations des mouvements et ajusteront les positions du corps.
La préscription et la posologie seront adaptées selon les articulations et les organes atteints, l’intensité des symptômes, l’évolution prévisible de la maladie et le profil du patient (âge, sexe, maladies associées, autres traitements, etc.).
Les traitements maison
En dehors des séances de kinésithérapie, et des traitements anti-douleurs, vivre avec spondylarthrite demande quelques bonnes pratiques pour préserver son confort de vie :
- Écouter son corps et se mettre au repos complet dès l'arrivée d'une poussée douloureuse.
- Éviter de prendre de mauvaises positions assises et allongées en s'aidant de coussin lombaire et de coussin pour genoux.
- Effectuer des exercices d’assouplissement quotidiens enseignés par votre kinesithérapeute pour maintenir votre colonne droite, conserver la mobilité de vos vertèbres et garder une bonne amplitude à vos mouvements.
- Consommer du calcium et modérer vos expositions aux UV pour prévenir l’ostéoporose.
- Réguler votre poids en privilégiant une alimentation équilibrée et variée
- Vérifier que votre matelas soit assez ferme et le plus à plat possible et utilisez un oreiller cervical à mémoire de forme qui allège les pressions des cervicales sur la colonne vertébrale et ajuste la position du corps.
- Pratiquer des activités sportives non traumatisantes pour votre colonne vertébrale : natation sur le dos, marche, yoga, tai chi, etc. Évitez les sports de contact.
Sources :
Association française des spondylarthritiques (AFS)
Association contre la spondylarthrite ankylosante et ses conséquences (ACSAC, fédération nationale)
Association française de lutte antirhumatismale (AFLAR)